Page:Spaak - Kaatje, préf. Verhaeren, 1908.djvu/52

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

JEAN

Et d’où vient cette découverte ? De ceci :
Elle a vu que j’avais en partant le souci
Du chagrin que j’allais causer à mes parents ;
Mais elle m’a rendu mon calme en m’assurant
Que mon père, que j’aime, et ma mère, que j’aime,
Seraient aimés par elle autant que par moi-même !

LE PÈRE

Voilà des sentiments qui n’étaient un secret
Que pour toi seul ici ! Es-tu prêt ?

JEAN

Que pour toi seul ici ! Es-tu prêt ?Je suis prêt.

LE PÈRE

Ton passe-port ?

JEAN

Ton passe-port ?Je l’ai. Quelle littérature !
C’est d’abord mon portrait — ou ma caricature !
Front, nez, bouche, menton, oreilles et crinière,
J’ai tout extraordinairement ordinaire.
Ensuite le pouvoir échevinal atteste
Que n’étant point lépreux et n’ayant pas la peste,
J’ai droit de circuler, de trotter, de courir,

Il embrasse Kaatje.

Et qu’on peut m’embrasser sans crainte d’en mourir !