Page:Spaak - Kaatje, préf. Verhaeren, 1908.djvu/64

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Où mes mains remplissaient leur tâche coutumière,
Tandis que ma pensée, au loin, dans la lumière,
À tout instant du jour essayait de le suivre !
Oui, près de vous, mon corps continuait à vivre,
Mais je vous imposais le cruel sacrifice
D’admettre que mon cœur allât tout à mon fils,
Je vous le reprenais pour qu’il fût mieux à lui…

LE PÈRE (protestant)

Femme !

LA MÈRE

Femme ! Et c’est à tel point qu’il me semble, aujourd’hui,
Lorsqu’enfin nous allons sourire à son visage,
Que moi aussi je vous reviens d’un long voyage !
Ah ! je m’en suis souvent, bien souvent, repentie !
Pauvre Kaatje ! Si tendrement bonne et gentille !
Et toi ! Je voyais bien que tu souffrais aussi !

LE PÈRE

Sans doute ; mais…

LA MÈRE

Sans doute ; mais…Allons ; ne fais pas l’endurci ;
Lorsque tu revenais de ta visite aux digues
Sans retrouver sa belle jeunesse, prodigue
De gaîté, n’as-tu pas senti peser le deuil
De son absence ? Et quand, assis dans ton fauteuil,