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Puisque je sentais bien, ma vie étant là-bas,
Que si vous disiez « non », je ne reviendrais pas !…

LA MÈRE

Jean !

LE PÈRE (avec une colère contenue)

Jean !Et dans ton désir touchant de nous revoir,
Tu as sacrifié tout respect, tout devoir !
C’est charmant ! Les enfants, morbleu, sont en progrès !
Marions-nous d’abord ! Et nous saurons après
Si le père, ce vieux bonhomme, est satisfait !
Nous pourrons voir du moins la figure qu’il fait
Quand nous l’aurons placé devant l’irrémédiable ;
Et s’il n’est pas content, nous l’enverrons au diable !
Ah ! dans le temps, le père avait son mot à dire,
Et, quand il l’avait dit, on eût tremblé d’en rire
Et nul n’aurait osé broncher dans la maison !
Mais, aujourd’hui le père est un petit garçon ;
C’est à lui d’obéir et de mettre les pouces !
On fait ce que l’on veut ; on s’engage, on s’épouse,
On se fait marier par le premier venu !
Demander son avis ? C’est par trop ingénu !
Écrire ? C’est si loin ; les courriers sont si lents !
Marions-nous d’abord ! — Le tour est excellent !

JEAN

Mon père…