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LE PÈRE

Mon père… Et nous, pendant qu’il nous donnait le change,
Nous l’attendions tous trois en chantant ses louanges !
Sûrs d’une affection tendrement filiale,
Nous le remerciions de ses lettres loyales
Qui confiaient sa vie à nos cœurs inquiets…
Et pendant ce temps-là monsieur se mariait !
Avec qui ? — Car enfin ma bêtise a des bornes !
Où commence le vrai dans cette histoire, qu’ornent
Probablement quelques mensonges bien tournés ?…

JEAN

Père !…

LE PÈRE

Père !…Est-ce que je sais, moi, d’où vous revenez ?
Est-ce que je connais, moi, tes amis de Rome ?
Non ; c’est bien simple ; tu t’es dit : Mon honnête homme
De père ne sait rien ; tant mieux ! Rentrons là-bas !
D’où nous venons ? Cela ne le regarde pas !
Quelle est la bru que je lui ramène ? Qu’importe !
Mais c’est nous ! Nous voici ! Qu’on ouvre la grand’porte !
Et qui n’est pas content n’a qu’un esprit tortu !
Mais vraiment mon gaillard à quoi donc pensais-tu ?…

JEAN (tremblant)

Je pensais qu’en montrant sincèrement mon cœur
L’accueil que je mérite aurait moins de rigueur,