Page:Spaak - Kaatje, préf. Verhaeren, 1908.djvu/88

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

POMONA (timidement)

Si…

JEAN

Si… Tu les aimeras, puisque tu m’aimes ?…

POMONA

Si… Tu les aimeras, puisque tu m’aimes ?… Si…

JEAN (avec fièvre, pleurant de joie et d’émotion)

Ah ! mes parents ! Si vous saviez quelles alarmes,
Mais quel bonheur !…

LE PÈRE (l’apaisant)

Mais quel bonheur !…Allons, allons ; assez de larmes !
Calme-toi !

JEAN

Calme-toi !Voyez-vous, je suis encore étreint
Par l’angoisse de vous rapporter du chagrin,
Qui fit des derniers jours du voyage un supplice !

Montrant Pomona.

Elle aussi — mon excuse et pourtant ma complice —
Portait autant d’effroi dans son cœur éprouvé !
Plus je me rapprochais du pays retrouvé,
Plus ma tristesse était aiguë et consciente
En devinant, ici, la joie impatiente
Que ce retour coupable allait mettre en déroute.
Nous nous sommes cent fois arrêtés sur la route ;