Page:Spaak - Kaatje, préf. Verhaeren, 1908.djvu/89

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Nous n’osions nous parler ; nos cœurs ne battaient plus ;
Et tantôt, dans la nuit tombante, elle a voulu
Descendre de cheval et dire une prière,
Quand je lui ai montré de loin cette lumière !
Quelle journée !… Il faudrait qu’elle se repose…

LA MÈRE

Mais toi ! Tu as la fièvre !…

JEAN

Mais toi ! Tu as la fièvre !… Oh ! moi j’ai trop de choses
À vous dire !…

LA MÈRE

À vous dire !…Avez-vous mangé ?

JEAN

À vous dire !… Avez-vous mangé ? Pas une croûte
De pain…

LA MÈRE

De pain…Mon pauvre enfant ! Tu meurs de faim, sans doute ?
Venez là-bas ; il fait plus chaud ; vous serez mieux…

La mère ouvre la porte de gauche ; Jean fait signe à Pomona de la suivre, puis sort aussi, précédant son père. Celui-ci, arrivé sur le seuil, se retourne vers Kaatje qui, pendant toute la scène, est restée immobile et silencieuse, atterrée, dans un coin de la chambre à droite.