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Page:Spaak - Kaatje, préf. Verhaeren, 1908.djvu/92

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JEAN (il s’est approché de la fenêtre et regarde aussi)

Quand on lève les yeux on dirait qu’on s’allège
Et qu’on monte, tandis que les flocons s’épanchent,
Revêtant la Hollande d’une robe blanche
Dont les canaux glacés seraient les entre-deux.
C’est ravissant !

KAATJE (elle a tourné les yeux vers la fenêtre en écoutant)

C’est ravissant !Oui, c’est ravissant !

POMONA (toujours immobile)

C’est ravissant ! Oui, c’est ravissant ! C’est hideux.

JEAN

Comment peux-tu parler ainsi ?

POMONA

Comment peux-tu parler ainsi ?C’est froid ; c’est laid ;
C’est triste ! Ah ! la mer bleue et les monts violets !
La dalle où les lézards réchauffent leur sommeil,
Et les oliviers gris saupoudrés de soleil !

JEAN

Sans doute ; mais ceci vaut bien qu’on le regarde !
Le silence gelé des fontaines bavardes
Semble avoir suspendu tous les gestes des choses.
Surprises, dirait-on, chacune dans leur pose,