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Les ailes des moulins et les branches des arbres
Ont l’immobilité blanche et froide du marbre ;
Les tons sont amortis, les formes s’atténuent,
Le monde entier sommeille et, seul, un peu, remue
Le prisme étincelant dont le gel le festonne !

À Pomona.

Vos étés éternels sont plutôt monotones ;
Ici, quatre fois l’an, nous changeons de décor ;
Ce froid…

POMONA

Ce froid…C’est le tombeau !

JEAN

Ce froid… C’est le tombeau ! Cette paix…

POMONA

Ce froid… C’est le tombeau ! Cette paix… c’est la mort !

JEAN

Tu n’es pas gaie !

POMONA

Tu n’es pas gaie !Hélas ! Comment donc sourirais-je ?
C’est dans l’âme qu’il gèle et sur le cœur qu’il neige !
Le ciel ne fut pas bleu, pas une fois, pas une,
Depuis trois mois ! Encor, si la bise importune,
Balayant les brouillards, permettait qu’un instant
On eût l’illusion d’un baiser du printemps !