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Page:Spaddy - Colette, ou les amusements de bon ton, 1937.djvu/105

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qu’il n’y manque plus que les poils comme à maman ? » Je me tournais et, jupes troussées, je les faisais juges de la grâce juvénile de mon cul dont une glace ancienne me renvoyait l’image polissonne. Je me courbais, et dans le petit trou j’enfonçais mon doigt tout entier, sans honte, et comme encouragée par la malice de leur sourire. Étais-je précoce, dis ? C’est sous les yeux de mon arrière-tante Aurore, pour qui j’avais une prédilection parce qu’on s’accordait à déclarer que sa beauté revivrait en moi, que je suçais pour la première fois, accroupie entre ses jambes, le vit de mon cousin Paul, qui avait quinze ans.

— Oui, ai-je interrompu, mais ton pucelage ?

— C’est aussi sous son portrait qui ornait la ruelle de mon lit, que je l’ai perdu, le jour de ma première communion.

— Un jour bien choisi !

— C’était après vêpres ; je m’étais retirée dans ma chambre pour goûter le sensuel ravissement de ma longue robe de petite mariée. Remontant à la taille la nuée blanche qui m’enveloppait, j’admirai, dans la psyché, le charmant effet de mes mollets gantés de blanc et du coquet pantalon à volant d’Irlande dont mes mouvements faisaient joliment jouer la fente sur le duvet noir qui commençait à ombrer ma motte. Tandis que je dévouais à tante Aurore une première jouissette que je pris d’un doigt très exercé, j’avisai mon