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Page:Spaddy - Colette, ou les amusements de bon ton, 1937.djvu/107

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— Ben quoi ! on ne verra rien avec la nappe ! Juste le petit tremblement de ma chevelure, pour faire soupçonner que peut-être je te… Sors-la, chéri !

— Tu rigoles ?

Elle me déboutonna, tira mon vit, et tout en me le manipulant par-dessous ma serviette :

— Mon vieux, repartit l’amie, une flamme dans ses beaux yeux pers, ce que j’aime c’est les saletés, avec tout le piment de la surprise possible et du scandale. Il me faut les épices, le gingembre, le poivre de Cayenne, le kari de l’Inde pour jouir. Si je ne m’emporte pas un peu le palais, ça ne me dit plus rien. Fillette, j’étais déjà comme ça. Il me fallait des jouissances recherchées, rares, imprévues. Qu’est-ce que je n’ai pas utilisé ! Des plumes de toutes sortes pour me chatouiller le bouton, des fleurs veloutées que je me tirebouchonnais dans le con, des tiges de rose dont je me suppliciais l’urètre, des brosses à dents pour me picoter la vulve. Et dans le cul, que n’y ai-je pas fourré pour me procurer l’exquise secousse !… Tiens, sais-tu qui eut sinon mon pucelage perdu comme je t’ai raconté, mais ma virginité ?

— Le godemiché de ta mère ? dis-je au souvenir qu’elle l’avait surprise jouant à ce petit jeu.

— Non, elle le cachait trop bien. Ce fut son lévrier, mon cher, un magnifique lévrier tout blanc