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Page:Spaddy - Colette, ou les amusements de bon ton, 1937.djvu/127

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main, se manœuvre le godemiché, ou se fait laper par sa chienne.

Son cabinet de toilette est la scène, où chaque soir, derrière d’arachnéens rideaux de mousseline et sous l’éclat des lumières, elle offre aux regards embusqués en face, l’irritante provocation de son déshabillage, puis de sa nudité avec toute la liberté du huis-clos. Un à un, elle fait tomber tous ses voiles, dans l’indécence des gestes qui découvrent l’une après l’autre, les jolies cachettes de son corps parfait, et sans plus de ménagement, à califourchon sur le bidet, procède aux soins intimes de sa personne. Cuisses évasées sur la cuvette de porcelaine, montrant tantôt son cul, tantôt sa moniche, elle donne tranquillement audience aux lorgnettes braquées sur elle. Et du dehors, on peut voir ou au moins soupçonner les ébats nautiques de sa main sous ses fesses et la gentille manière dont elle y plonge l’extrémité d’un long serpentin de caoutchouc rouge. Elle y met tout le naturel et la simplicité d’une femme confiante et distraite, ce qui avive encore les délices des voyeurs. Puis, avec le même sans-gêne impudent, debout, devant sa glace qui fait face à la fenêtre, elle s’essuie en cambrant son cul, poudre d’iris sa raie et son entre-cuisses, peigne et brosse, avec la minutie d’un soin jaloux, sa belle toison rousse.

— Tout de même, Colette, observai-je un soir, c’est quasi un attentat public !