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Page:Spaddy - Colette, ou les amusements de bon ton, 1937.djvu/170

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Quand, devant sa psyché, elle eut achevé son maquillage, que sa femme de chambre lui eut rosé d’une touche de fard le bout des seins, mis un réveillon de rouge à ses nymphes, un rond de khol à son anus comme à ses yeux, poudré les fesses, brossé une dernière fois et vaporisé de fougère le bichon, Colette se coiffa d’un toquet de velours bleu, puis se ganta.

— Voilà, je suis prête, me dit-elle. Ma cape, Fanny !

J’ouvris de grands yeux, car, avec un collier de trois rangs de perles, elle avait tout bonnement pour costume des bas de soie bleu tendre, agrafés à un porte-jarretelles et des Louis XV de satin assorti. Elle vit ma mine.

— Ballot ! t’effraie pas, va ! Bien sûr que je mets un manteau ; les gens sont si cons !

— Quoi ! tu sors en peau, à présent ? me récriai-je.

— En peau ? tu appelles ça en peau ? fit-elle en s’enroulant étroitement dans l’ampleur d’une cape vénitienne de taffetas bleu de roi, à grand revers et bordure de chinchilla qui la couvrait jusqu’à mi-jambes. En peau ? Et puis que je serais en peau ?

— Oui, mais ça se voit que tu es à poil là-dessous, ma fille ! Ton cul, tes cuisses se dessinent comme s’il n’y avait rien !

— C’est ça qui me gêne ! railla-t-elle, toute au coup d’œil dont elle s’examinait dans la glace. Je