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Page:Spaddy - Colette, ou les amusements de bon ton, 1937.djvu/27

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modelé et le vallonnement d’une ravissante gorge de vingt ans. Un homme paraissant plus de deux fois son âge — c’était son mari — l’accompagnait.

Je la dévisageai avec tant d’insistance qu’elle tourna son regard de mon côté. Je n’abaissai pas le mien devant sa hardiesse à me fixer à son tour ; je l’enveloppai de toute la flamme du désir qu’elle allumait en moi, et je lus dans la caresse de ses beaux yeux et le sourire qui releva le coin de sa bouche mignonne, le plus aimable des encouragements. J’entrai aussitôt en conversation avec son petit soulier lamé or et noir. Loin de s’étonner de ma familiarité, il s’empressa de me donner la riposte avec tout l’esprit qu’on peut mettre à parler par signes.

Tandis qu’en même temps je me délectais à déshabiller des yeux ma jolie voisine, un détail de sa toilette retint mon attention. Oh ! un rien : le relief de sa jarretière sous le chatoyant reflet du velours. J’en eus comme un choc sensuel. Au même instant, soit machinalement, soit qu’ayant surpris mon trouble, elle voulût m’en prolonger l’émoi, la belle fit, avec affectation, le geste piquant de la remonter le long de la cuisse.

Pour moi, amateur de dessous soignés, il ne me fallut que ce geste affété qui se liait à l’image d’élégances clandestines pour bander encore plus raide. Aussi, j’attaquai du genou. L’exquis visage me jeta cette fois un sourire plus marqué, puis