Aller au contenu

Page:Spaddy - Colette, ou les amusements de bon ton, 1937.djvu/42

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
33

Le plaisir me parcourait déjà de ses ondes et bourdonnait à mes oreilles parmi les énervantes langueurs de l’orchestre de tziganes. Colette surprit dans mon regard les signes avant-coureurs de la syncope.

— Ça va y être, dis ?

Pour toute réponse je lui serrai convulsivement le poignet dont elle me branlait.

Alors, elle glissa prestement entre mes jambes un grand verre qu’elle avait à sa portée, et d’une ultime secousse me faisant éjaculer, y recueillit tout le jet de ma semence. Puis, avec le sang-froid d’un défi, enveloppant de sa main le témoignage de son stupre, elle me le tendit pour que je l’arrosasse d’extra-dry. Elle battit longuement la floconneuse mixture, délaya, fit mousser, et quand le breuvage eut l’aspect d’une épaisse citronnade, d’un toast mutin levant son verre, elle me dit, du plus joli de ses sourires :

— À nos amours, Monsieur !

Et lentement, à petites gorgées, comme on déguste un vin généreux, elle vida l’étrange philtre qui devait nous lier.

— Maintenant, à toi ! reprit-elle en essuyant sa bouche mignonne.

Elle vit mon ébahissement.

— Ah ! voilà qui vous intrigue !…

En même temps, elle me passait un biscuit à champagne.