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Page:Spaddy - Colette, ou les amusements de bon ton, 1937.djvu/56

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— Bon ! Eh bien ! ne me dérange pas. Laisse-moi me branler !…

Et la blanche main se remit à sa fricarelle, avec la plus incivile désinvolture pour moi. Les paupières closes, la tête alanguie contre son bras replié, Colette, au doux aller de sa motte sous ses doigts, lâchait de petits soupirs.

Je mordais mes lèvres. L’âpre besoin de connaître les détails de sa friponnerie, et d’en torturer mes sens me retint, une fois encore, de la gifler et d’en finir avec elle.

— Enfin, demandai-je avec plus de douceur, tu peux bien me le dire comme il te l’a fait !

— De la plus agréable manière, mon cher !

— Est-ce lui qui t’avait abordée ?

— Non, c’est moi qui l’ai lorgné en le croisant… Mais laisse-moi, que je me fricote à mon aise !…

— Je te fous une baffe, criai-je, si tu continues à me narguer.

Elle rouvrit les yeux et me fixa de son irrésistible sourire.

— Ça te reprend ?…

— Tu peux bien t’arrêter de te branler, nom de Dieu !

La petite main se dégagea de son nid douillet.

— Là ! Eh bien ! qu’y a-t-il ?

— Raconte-moi comme ça s’est passé ?

Un éclair incendia sa prunelle.