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Page:Spaddy - Colette, ou les amusements de bon ton, 1937.djvu/57

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— Je savais bien, va, que ça t’allumerait ! me dit-elle.

Elle croisa ses jambes, rabattit ses jupes, et tout en secouant la cendre d’une cigarette :

— Comment ça s’est passé ? Oh ! bien simplement ! C’était aux Champs-Élysées, je sortais du Fouquet’s ; je croise mon type, je lui jette une œillade, il se retourne, je me retourne ; il comprend, fait demi-tour, m’emboîte le pas et m’aborde.

« — Charmante enfant, où courez-vous si vite ? — Pas chez mon mari. — Je m’en doute, mais chez quelque amant fortuné ? — Bien sûr. — L’heureux mortel ! Ne puis-je me substituer à lui pendant une heure ? — Une heure ? vous n’y pensez pas, Monsieur ! — Eh bien ! nous mettrons les bouchées doubles ! Ce ne sera l’affaire que d’une demi-heure. — C’est encore trop pour une fantaisie ! — Alors, quoi, sur le pouce ? — Pourquoi pas ? — En chambre ? — J’ai horreur du meublé. — En voiture ? — C’est bien banal. — Je ne vous propose pas le métro, il n’y a pas d’affluence à cette heure. — Oh ! d’ailleurs, lui objectai-je, j’aimerais quelque chose de plus inédit. — Ah ! fort bien ! fit-il, très amusé ; je ne déteste pas non plus l’originalité. Que vous semblerait… voyons… d’une porte cochère ? — Ça c’est une idée ! » acquiesçai-je.

Nous avons bientôt trouvé une entrée qui se