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Page:Spaddy - Colette, ou les amusements de bon ton, 1937.djvu/58

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prêtât à ce caprice… Allons, mimi, fais donc plus la tête ! puisqu’on ne se connaissait pas ! que personne ne l’a vu et que je te le raconte ! Alors ! c’est-il pas pleurer pour rien ?…

— Pour rien ? Tu appelles ça pour rien ? que j’en bande seulement d’y penser !

À cet aveu, Colette se précipita entre mes jambes.

— Tu vois ! tu vois que ça te fait de l’effet ! me dit-elle avec l’exaltation qu’elle apportait à toutes ses insanités. Montre-moi, chéri, montre-moi que tu bandes !…

De fait, une excitation singulière commençait à m’aiguillonner, comme s’il se fût agi d’une autre que ma maîtresse. Je ne sais quelle soif de stupre m’avilissait en ce moment à savourer cette turpitude d’être le témoin étranger des prostitutions d’une femme dont j’avais les faveurs. Oui, je bandais comme jamais.

— Continue, lui dis-je en mordant goulûment ses lèvres cyniques. Vautre-moi dans ta fange !

— C’était, poursuivit Colette, un couloir pas très éclairé, avec une loge en retour et la porte d’entrée ouverte seulement d’un battant. « Voilà qui est à merveille ! » dit mon type. Et nous entrâmes. Oh ! ce ne fut pas long !… Il m’a poussée dans le coin du battant fermé et m’a dit de me mettre comme pour rattacher ma chaussure.

— Oui, je vois, en levrette ! ai-je interrompu. Garce, en levrette, que c’est encore plus salaud !