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Page:Spaddy - Colette, ou les amusements de bon ton, 1937.djvu/65

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une branlade !… Dis, que je branle mieux que lui ?

Le sein palpitant, les yeux tout virés, les flancs en houle, les bras battant l’air, Colette n’avait plus que des cris inarticulés.

— Ah ! ah !… assez… assez… ah ! plus… plus… ah ! grâce, arrête… je meurs, assez !…

Mais je branlais sans arrêt, d’un poignet inlassable, dans une mare de mouille gluante qui, sous le long barattage de mes doigts ourlait d’une écume jaunâtre les bords du conin.

— Assez ! assez !… glapissait la jolie bouche exsangue.

— Non, non, répétais-je, jouis ! jouis ! tant que tu as du foutre !

Une fois, deux fois, trois fois encore, je la vis jouir d’une jouissance qui n’était plus qu’un affreux martyr. Mais soudain, le sursaut tragique d’un être qui défaille sous la tension de ses nerfs, la souleva désespérément en une clameur d’agonie. J’eus peur. Je m’arrêtai… Je portai mon regard sur son visage. Blanche comme un lis, les paupières estompées d’un grand cerne de bistre, la bouche entr’ouverte sous l’accablement de sa douloureuse félicité, Colette, muette et immobile, les mains glacées, était évanouie.

Je relevai son buste entre mes bras ; sa tête pesante chancela sur son col de cygne. J’étendis de tout son long son corps charmant sur les oreillers de dentelle, et passionnément je baisai ses