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Page:Spaddy - Colette, ou les amusements de bon ton, 1937.djvu/79

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qu’elle appartient à une des meilleures familles du faubourg Saint-Honoré et qu’elle a été élevée aux Dames du Sacré-Cœur.

— Tu blagues, lui dis-je ; l’autre jour sous une porte, cet après-midi dans le métro ; cette fois, je marche pas.

— Non ! que tu vas courir si je te le raconte !

— Des bobards pour t’exciter !

— Tu crois pas ? Alors pourquoi que j’aurais pris le métro ?… c’est pas par économie, j’ai ma voiture. Va, c’est pas la première fois que ça m’arrive ! Et puis, j’y suis pour rien !

— Je te dis que je marche pas !

— Que t’es cul ! Puisque c’est vrai ! Ça m’excite dans le métro ; c’est pas de ma faute !

— Parce que tu es nymphomane, je connais !

— Zut !… Tiens, je n’avais pas quinze ans, qu’un jour de foule, qu’on était tassé comme des anchois, avec ma bonne à côté de moi, j’ai mis la main dans la culotte d’un type qui me pelotait le cul par-dessous ma jupette et je l’ai branlé.

— Tu savais donc déjà ?

— Cette affaire ! Au pensionnat, je branlais l’aumônier à la chapelle tous les samedis de confesse ! qu’il en avait un morceau, mon cher ! c’est même le premier homme que j’ai branlé. Il me disait chaque fois après avoir joui dans sa chemise : « Dieu vous le rende, mon enfant ! » Mais je branlais depuis longtemps tous les gosses du voi-