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Page:Spencer - La Science sociale.djvu/107

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la grande masse. C’est une cause générale d’erreur à laquelle viennent s’ajouter les causes particulières mentionnées plus haut. Toutes ensemble réagissent sur le milieu à travers lequel nous voyons les faits, le rendent opaque dans certains cas et transparent dans d’autres.

Souvent aussi, une grave perversion des témoignages vient de ce qu’on a inconsciemment confondu observer et déduire. De tout temps, la tendance à donner comme une observation ce qui n’est en réalité qu’une conclusion tirée d’observations, a été une source abondante d’erreurs. Les erreurs seront particulièrement abondantes quand il s’agira de questions sociales. En voici un exemple.

Il y a quelques années, le docteur Stark a publié les résultats de comparaisons faites par lui entre la mortalité des gens mariés et celle des célibataires ; les chiffres semblaient démontrer que l’état de mariage était le plus favorable à la santé. Quelques critiques se produisirent, mais l’argumentation du docteur Stark n’en fut pas sérieusement ébranlée et il est cité depuis comme ayant établi d’une façon concluante la relation qu’il s’agissait de prouver. Une citation empruntée à la Medical Press and Circular nous est tombée dernièrement sous les yeux ; c’était un résumé statistique qui était censé confirmer les résultats acquis par les travaux du docteur Stark.

« M. Bertillon a fait une communication à l’Académie de Bruxelles sur l’influence du mariage. Son travail a été publié par la Revue scientifique. En France, sur 1000 individus de 25 à 30 ans, la mortalité est de 6,2 pour les hommes mariés, 10,2 pour les célibataires et 21,8 pour les veufs. À Bruxelles, la mortalité est de 9 sur 1000 pour les femmes mariées et les jeunes filles ; elle n’est pas moindre de 16,9 pour les veuves. En Belgique, les chiffres sont de 7 sur 1000 pour les hommes mariés, 8,5 pour les célibataires et 24,6 pour les veufs. La proportion est la même en Hollande. De 8,2 pour les hommes mariés, la mortalité s’élève à 11,7 pour les célibataires et à 16,9 pour les veufs ; de 12,8 pour les femmes mariées, elle tombe à 8,5 pour les filles et remonte à 13,8 pour les veuves. Le résultat des calculs pris dans leur ensemble, est que sur 1000 indi-