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les choses du mariage. Livingstone conte pourtant que les femmes d’une tribu riveraine d’un des lacs de l’Afrique centrale donnèrent, des marques de dégoût, en apprenant qu’en Angleterre chaque homme n’a qu’une femme. Ce sentiment ne leur était nullement particulier.

« Un chef Kandyan, homme intelligent, avec lequel M. Bailey visitait ces Veddahs, fut absolument scandalisé qu’on pût être assez barbare pour vivre avec une seule femme et ne jamais la quitter jusqu’à la mort. Il déclara que c’était « absolument comme les wanderoos » (singes)[1]. »

On suppose aussi, comme une chose évidente, que la monogamie, la polygamie, et la polyandrie sous ses diverses formes, ont donné en fait de mariage toutes les combinaisons possibles. Une tribu africaine nous fournit cependant une variété d’hymen tout-à-fait inattendue. Chez elle, on se marie pour tant de jours par semaine ; — dans les « bonnes familles » c’est généralement pour quatre jours. Le reste de la semaine la femme est libre de faire ce qui lui plaît. Nous sommes aussi un peu surpris d’apprendre que chez certaines tribus des montagnes de l’Inde, l’infidélité est considérée comme une faute grave quand elle vient du mari, tandis que venant de la femme ce n’est plus qu’une erreur sans importance. Nous admettons comme allant de soi que bien traiter sa femme comprend entre autres choses ne pas la battre. Nous avons de la peine à nous figurer qu’il y ait des pays où ce soit le contraire. Cela est pourtant chez les Tartares.

« Une bonne d’enfant me quitta pour se marier. Peu après elle alla chez le natchalnick de l’endroit se plaindre de son mari. Le natchalnick lui ayant demandé de quoi elle se plaignait, elle répondit froidement que son mari ne l’aimait pas. On lui demanda à quoi elle s’en apercevait : — à ce qu’il ne me fouette jamais[2]. »

Le fait paraîtrait incroyable s’il n’était corroboré par un fait analogue observé chez les races nègres originaires du sud de l’Afrique. Pour ces peuples, un maître blanc qui ne bat pas ses hommes est ridicule ; on le tourne en dérision et on lui reproche de ne pas être digne du nom de maître.

  1. Lubbock, Prehistoric Times, p. 344, 1re éd.
  2. Mme Atkinson Recollections of Tartar steppes, p. 220.