chands en gros de son pays ont des approvisionnements de calicot considérables ; si une baisse récente n’a pas engagé les détaillants à se monter en cotonnades ; si les marchés étrangers et le marché colonial sont encombrés ou non ; enfin, quelle est actuellement et quelle semble devoir être dans l’avenir la production des calicots étrangers. Quand notre manufacturier aura calculé approximativement la demande probable du calicot, il lui faudra prendre des renseignements sur les achats de coton faits par ses confrères, savoir si ceux-ci attendent la baisse ou s’ils ont acheté en prévision d’une hausse. Il jugera par les circulaires des courtiers de la situation des spéculateurs de Liverpool ; il devinera si les stock sont considérables ou non et s’il y a beaucoup de cargaisons en route. Il aura aussi à prendre note du cours des cotons et de l’importance des stocks à la Nouvelle-Orléans et dans tous les autres ports cotonniers du globe. Viendront ensuite les questions sur l’apparence de la récolte dans les États-Unis du Sud, dans l’Inde, en Égypte, etc. Voici déjà des facteurs assez nombreux : mais il s’en faut que ce soit tout. La consommation du calicot, par suite la consommation du coton et par conséquent le prix du coton, dépendent en partie de la production et des prix des autres fabriques textiles. Si le calicot augmente, parce que la matière première devient plus rare — fait que nous avons vu se produire pendant la guerre de sécession — le public se rejette sur les tissus de fil, et le mouvement de hausse se trouve enrayé. Les fabriques de lainage peuvent aussi, jusqu’à un certain point, entrer en concurrence. À côté de la concurrence du bon marché, il y a la concurrence de la mode qui peut à tout moment changer.
Avons-nous enfin nommé tous les facteurs ? En aucune façon. Nous n’avons pas tenu compte de l’opinion des gens d’affaires. L’opinion des acheteurs et des vendeurs sur les prix futurs n’est jamais qu’une approximation qui se trouve souvent très-éloignée de la vérité. Le flot de l’opinion monte et descend ; tantôt il dépasse la vérité, tantôt il reste en dessous ; la fluctuation du jour forme au bout de la semaine et du mois de larges vagues qui apportent de temps à autre la folie ou la panique ; car il en est des gens d’affaires comme des autres hommes ; ils hési-