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Page:Spencer - La Science sociale.djvu/34

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CHAPITRE II

Y A-T-IL UNE SCIENCE SOCIALE ?

Presque chaque année, au retour de l’automne, on entend dire que l’hiver sera rude, car les églantines sont abondantes. Cette remarque suppose la conviction que Dieu, ayant l’intention de nous envoyer beaucoup de neige et de givre, a voulu assurer la nourriture des petits oiseaux. Implicite ou avouée, cette façon de raisonner est de beaucoup la plus fréquente. Il y a quelques semaines, une personne qui avait reçu une dose ordinaire d’instruction, attribuait devant moi les innombrables essaims de coccinelles apparus en Angleterre peu d’années auparavant, à un dessein de la Providence, qui avait voulu protéger la récolte de houblon contre les aphides destructeurs. Cette théorie du gouvernement divin, appliquée ici à des choses qui n’ont qu’un rapport indirect, — si même il y en a un, — avec le bien-être des hommes, est naturellement appliquée avec bien plus de confiance encore à ce qui a sur nous une influence directe, au point de vue social ou au point de vue individuel. Les méthodistes sont logiques lorsque, tirant toutes les conséquences de cette théorie ils ouvrent leur bible au moment d’entreprendre un voyage ou de changer de domicile, et voient dans le premier passage qui leur tombe sous les yeux, le signe de l’approbation ou de la désapprobation du ciel. En politique, le même principe mène