Page:Spencer - La Science sociale.djvu/69

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il aura, à un certain âge, quelque envie de se marier. Aura-t-il des enfants ? Personne n’en sait rien ; mais, s’il en a, il est permis de prévoir que le sentiment de la paternité se développera chez lui à un degré quelconque.

Que si maintenant, prenant l’ensemble des faits qui peuvent se produire durant toute la vie de cet enfant, nous écartons les faits biographiques et quasi biographiques comme interdisant ou limitant les prévisions, il nous restera plusieurs classes de faits qu’on peut prévoir, les uns avec certitude, les autres avec une grande probabilité ; tantôt avec précision, tantôt d’une façon plus ou moins vague. Nous voulons parler de ceux qui sont relatifs à la croissance, au développement, à la structure et aux différentes fonctions du corps humain.

Par une conséquence naturelle de cet amour de la personnalité humaine qui nous inspire un si vif intérêt pour les incidents de la vie, nous prenons l’habitude de négliger, comme indigne de notre attention, ce qu’il y a de constant dans l’existence de l’homme. De là vient qu’en examinant l’avenir d’un nouveau-né on laisse de côté tous les phénomènes vitaux dont son corps sera le siége, phénomènes qu’il est possible et qu’il importe de connaître. Tout le monde admet que l’anatomie et la physiologie, — nous entendons par là, non-seulement la structure et les fonctions de l’adulte, mais encore l’histoire de cette structure et de ces fonctions pendant l’évolution individuelle, — font l’objet d’une science. Bien que les principes généraux de coexistence et de succession sur lesquels s’appuie cette science ne soient pas d’une exactitude rigoureuse ; bien que les individus mal conformés constituent des exceptions aux lois de la structure, et que le jeu des organes présente aussi parfois des anomalies impossibles à prévoir ; bien que les phénomènes de croissance et de formation varient d’individu à individu dans une mesure assez considérable, et que nous constations les mêmes irrégularités dans l’époque à laquelle certains organes commencent à fonctionner et dans la manière dont ils fonctionnent ; en dépit de tout cela personne ne met en doute que l’étude des phénomènes biologiques présentés par le corps humain ne nous fournisse une série de notions ayant la précision nécessaire pour constituer ce qu’on entend par « une science ».