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Page:Spenlé - Novalis.djvu/411

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LES COURANTS D’OPINION

jugement sur Novalis dans l’histoire de la philosophie de Hegel (Hegel’s Werke, Berlin, 1836, XV, p. 615).

Ainsi chez Hegel nous voyons la pensée allemande, par une sorte de progrès intérieur, triompher du romantisme et réagir contre lui. Mais bientôt des causes extérieures, politiques et sociales, allaient activer cette élaboration intérieure et lui faire exprimer toutes ses conséquences. Une toute nouvelle période commença alors pour la réputation de Novalis, lorsque son œuvre sortit du milieu artificiel d’initiés, ou elle restait malgré tout encore confinée, pour être projetée au milieu des polémiques du jour. Allait-elle s’affirmer viable et résister à l’épreuve ?

ROMANTIQUES ET LIBÉRAUX


La publication d’un pamphlet politico-religieux de Novalis « Die Christenheit oder Europa » faite par Frédéric Schlegel dans la 4me édition des Œuvres complètes, en 1826, à l’insu de Tieck, marque une date décisive dans la « Novalislitteratur ». Ainsi que le constatait Tieck dans la préface de la 5me édition, ce pamphlet est devenu aussitôt une pierre de touche de l’opinion publique et, selon leur attitude à l’endroit de cet écrit particulier, les critiques ont complètement modifié leur jugement sur l’ensemble de l’œuvre et sur l’homme lui-même. En vain Tieck a de nouveau proscrit le pamphlet de la 5me édition, parue en 1837 : l’alarme était donnée et désormais le nom de Novalis se trouvait mêlé aux polémiques du jour.

Différents évènements avaient contribué à rendre plus ardentes ces polémiques. Tout un mouvement de conversions au catholicisme se dessina après les guerres de l’indépendance, — mouvement déjà préparé dans les dernières années du 18me siècle, mais qui parut éclater brusquement après le Congrès de Vienne. À la tête de ce mouvement se