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LES COURANTS D’OPINION

à ses anciennes aspirations révolutionnaires au profit de l’œuvre plus opportune de l’unité nationale. Ce fut dans ce dernier parti « national-libéral » que se refondit après 1848 l’opinion publique en Allemagne.

LES NATIONAUX-LIBÉRAUX ET LA RENAISSANCE ROMANTIQUE


Dans son « Histoire de la poésie allemande », dont la première édition remonte à 1835, Gervinus distinguait trois phases successives dans la vie morale et intellectuelle de l’Allemagne : une première phase religieuse, — une seconde phase littéraire, — une troisième politique. Avec la période classique de Weimar, disait-il, l’histoire littéraire est close : les seules questions qui puissent désormais intéresser la vie publique en Allemagne sont d’ordre politique : la constitution de l’unité allemande et le triomphe des idées constitutionnelles libérales. Mais, libéral autant que patriote, Gervinus gardait la haine du romantisme, où il voyait une aberration dangereuse. Les auteurs de cette génération ont rêvé une restauration factice et purement poétique du Moyen-âge ; ils ont glorifié la théocratie religieuse et il importe de prémunir la nouvelle génération contre ces dangereuses chimères. Le romantisme s’est mis en contradiction avec les besoins profonds du pays : aussi s’écroule-t-il déjà dans son propre néant. L’exemple de Novalis est particulièrement instructif. Les amis du poète « élevaient leurs regards fervents vers lui comme vers l’annonciateur divin du romantisme » (Geschichte der deutschen Dichtung, édit. Karl Bartsch, Leipzig, 1874, V, p. 654). Mais ce fut là une admiration factice, une sorte de mystification littéraire, par où on a essayé de surprendre l’opinion publique. La seule originalité de cet auteur réside dans sa maladie. « Si on nous demandait ce que nous pensons de ce roman (Henri d’Ofterdingen) et de l’homme à qui la