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Page:Spenlé - Novalis.djvu/438

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NOVALIS DEVANT LA CRITIQUE

mantiques, particulièrement vers Novalis. Elle lui est apparentée, par ses qualités et par ses défauts. Le même manque d’organisation limpide, de puissante intuition poétique, la même aspiration à transcender le symbole par-delà toute réalité » (Novalis sæmmtliche Werke, édit. Carl Meissner, 1898, I, p. III). Dans une « Introduction » à la même édition, M. Bruno Wille prophétisait une sorte de naturalisme romantique. « Si on ne fait pas du naturalisme une étiquette de parti, mais si on y voit une peinture sincère de tout ce qui existe réellement, il n’y a aucune difficulté à l’adopter, car il se confond avec l’art même, véridique et sincère. Mais alors la conséquence logique c’est que la peinture du monde subjectif, de la vie idéale du « Gemüt » romantique, doit, elle aussi, être remise en honneur. Les images d’une vérité troublante, qu’un Brentano ou un Bœcklin ont tirées du monde des rêves, des pressentiments, des aspirations idéales de l’âme, sont donc du naturalisme, dans la meilleure acception du terme. Il faut espérer que le naturalisme s’élargira et fera siennes les conséquences, qu’une élite parmi ses représentants a déjà su en tirer. Qu’il me suffise de mentionner l’auteur de « Hannele » et de « la Cloche engloutie » (ibid. p. XVII).

En 1901 M. Heilborn publiait, une autre édition des Œuvres de Novalis et, grâce aux sources nouvelles qu’il eut à sa disposition, grâce à un travail de minuutieuse comparaison, il donnait enfin au public le texte original et définitif. En même temps sa monographie « Novalis der Romantiker » achevait de dégager la biographie du poète de toutes les déformations que lui avaient fait subir la légende ou le parti-pris. « Je ne m’en cache pas — écrivait-il — les dispositions d’âme que Novalis a fait naître et qui ont un nouvel attrait pour nous, sont grosses de dangers pour la littérature et la pensée. Mais précisément pour cela il est nécessaire, de les exposer dans leur relativité historique. Et puis ces dispositions éveillent dans notre cœur un je ne sais quoi, comme un air de fête, qui y subsiste à bon droit. Il me sem-