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NOVALIS DEVANT LA CRITIQUE

mantique au contraire est un être essentiellement « problématique », sans volonté énergique, un « inadapté ». Ses sentiments sont incomplets et confus. Il ne réagit pas contre la douleur, mais au contraire il s’y complaît. Le ton affectif qui prédomine en lui est ce qu’on a appelé « le plaisir de la douleur ». Incapable de s’intéresser aux grands problèmes vitaux, il transcende l’art, par le symbole, pour procurer à sa propre vie affaiblie une exaltation factice. — Incontestablement la personne et l’œuvre de Novalis répondent en partie à cette définition psychologique. M. Heilborn lui-même constate les symptômes pathologiques qui s’annoncent déjà dans les lettres de jeunesse du poète. « Une imagination malade et qui se complaît dans sa maladie s’exprime dans ces lettres » (Novalis der Romantiker, op. cit. p. 43). Il attribue les progrès de la phtisie chez Novalis autant à des dispositions morales morbides qu’à des causes physiologiques (p. 103). Jamais le poète ne s’est libéré de ces dispositions morbides (p. 195).

Que conclure de ces contradictions de la critique, au sujet du problème psychologique dans Novalis, sinon que les deux « thèses » opposées contiennent une part de vérité et qu’il faut savoir dégager cette vérité des formules trop générales ou trop absolues qui l’enveloppent ? Particulièrement pour les auteurs romantiques il importe de faire abstraction de certains « types » préconçus, et d’essayer de définir les « cas » particuliers, par une auscultation individuelle aussi rigoureuse que possible. Par des monographies psychologiques de ce genre seulement on donnera à certaines formules littéraires un contenu concret et précis.

LE PROBLÈME RELIGIEUX ET PHILOSOPHIQUE


On a rattaché l’œuvre de Novalis à différentes doctrines religieuses ou philosophiques. Nous passerons en revue suc-