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LES PROBLÈMES

cessivement les solutions les plus caractéristiques proposées à ce sujet.

1. — Le catholicisme de Novalis. — Si vraiment, comme semble le faire croire Tieck, le bruit de la conversion de Novalis au catholicisme a couru dans certains milieux, il ne semble pas que cette légende ait trouvé beaucoup de crédit dans la critique. Même les romantiques catholiques comme Frédéric Schlegel et Eichendorff en Allemagne, comme Montalembert en France, saluaient en Novalis un allié dans le camp protestant : mais ils reconnaissaient eux-mêmes qu’à cette prétendue conversion manquait toute l’autorité du fait accompli, d’une adhésion formelle aux enseignements de l’Église. Novalis, avons-nous vu, a eu le mérite, selon Eichendorff, de faire une critique admirable du protestantisme. Mais il n’a pas su ou voulu discerner le remède approprié, —— et le palliatif qu’il propose, la constitution d’une Église nouvelle, d’un catholicisme « idéal » et théosophique est une pure utopie. Aussi la critique protestante en Allemagne n’a-t-elle jamais songé à discuter sérieusement le fait de la conversion elle-même. Le débat a porté uniquement sur les « sympathies » catholiques de Novalis, — sympathies clairement affirmées, on se le rappelle, par certains auteurs contemporains, même protestants, par Schleiermacher et par Steffens. Deux œuvres particulièrement — les Hymnes à Marie et la dissertation religieuse d’« Europa » — ont été passionnément controversées, lorsqu’il s’est agi de « reconquérir » au protestantisme cette âme égarée.

Un premier effort en ce sens fut tenté par le théologien Rothe, qui dans sa jeunesse avait été un admirateur fervent de Novalis et avait fait le rève, comme lui, d’un catholicisme « idéal », où se concilieraient le protestantisme et l’ancien catholicisme. Il était devenu ensuite un des adeptes de ce mouvement de « réveil » religieux, qui se dessina en Allemagne vers le milieu du 19me siècle et auquel se rattachent les noms de Neander, de Tholuck et de Steffens ; fina-