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Page:Spenlé - Novalis.djvu/482

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NOVALIS DEVANT LA CRITIQUE

bord les Hymnes à Marie, suspectes de sympathies catholiques, et les deux Hymnes mystiques de la Pentecôte et de l’Eucharistie, suspectes d’hérésie, est-il vrai du moins alors qu’on obtiendra le métal entièrement pur d’un christianisme confessionnel ? — Même les plus résolus parmi les défenseurs du christianisme de Novalis ont dû reconnaître que les dispositions religieuses du poète reposaient sur des manières d’être toutes personnelles et subjectives, et que les cantiques par où elles s’exprimaient ne traduisaient pas une conscience religieuse collective, que ces chants ne pouvaient pas prendre place par conséquent dans l’édification commune du culte liturgique. Déjà Julian Schmidt contestait le caractère liturgique et confessionnel de ces chants. « Ils n’expriment pas l’âme collective d’une assemblée de croyants ; ils n’expriment que l’aspiration nostalgique d’une organisation morale particulière » (Julian Schmidt. — Geschichte der deutschen Litteratur, Berlin, 1886, IV, p. 112). — « Les Hymnes spirituelles de Novalis — écrit M. Baur — plongent trop intimement dans sa personnalité particulière, dans toutes ses expériences individuelles. Il s’ensuit qu’elles ne peuvent dans leur ensemble être utilisées dans les recueils populaires de chants chrétiens » (Novalis als religiœser Dichter, op. cit. p. 98). — « Les cantiques de Novalis — d’après M. Wœrner — sont tout-à-fait anti-liturgiques (unkirchlich) ; ils s’éloignent par leur contenu aussi bien du catholicisme que de toute autre confession chrétienne » (Novalis’ Hymnen an die Nacht und geistliche Lieder, op. cit. p. 33). — M. Busse est à peu près seul à soutenir l’opinion contraire, lorsqu’il écrit : « Presque tous ces chants portent un caractère d’universelle validité et d’universelle efficacité » (Novalis Lyrik, op. cit. p. 45). Deux seulement parmi ces cantiques, le 5e (Wenn ich ihn nur habe) et le 6e (Wenn alle untreu werden) ont pu être admis dans les recueils populaires. Encore a-t-il fallu faire subir au texte des modifications très caractéristiques. C’est ainsi, par exemple, que le début du 6e cantique « Si tous te renient, moi pourtant je te resterai