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NOTICE SUR L’ÉTHIQUE.

« Pour ce qui concerne la troisième partie de notre philosophie, je vous enverrai prochainement un fragment, soit à vous-même si vous voulez en être le traducteur, soit à notre ami de Vries. Bien que j’eusse résolu de ne rien communiquer avant d’avoir terminé ce travail, comme il se trouve prendre plus de temps que je ne pensais, je ne veux pas vous faire attendre et je vous enverrai les 80 premières propositions à peu près.»

La troisième partie de l’Éthique comprend dans son état actuel 59 propositions. En rapprochant le passage qui vient d’être cité de l’allusion contenue dans la lettre à Blyenbergh, on voit que la quatrième partie, en raison sans doute du développement donné à la pensée de Spinoza sur les rapports des hommes entre

    auteur de la poésie latine était Johannes Bouwmeester, l’un des membres du groupe, auquel appartenait S. de Vries. Meinsma ne considère cependant pas la lettre 28 comme adressée à Bouwmeester (op. cit., p. 246, note}. D’après lui le véritable destinataire serait probablement Adrien Koerhagh, et Freudenthal (Spinoza Sein Leben und seine Lehre, vol. I, p. 140) se montre disposé à accepter cette hypothèse. Adrien Koerhagh joignait à un esprit hardi un caractère sans modération ; il ne se contentait pas, comme les autres amis ou disciples de Spinoza, de travailler à son propre affranchissement, attaquait le dogme assez violemment dans ses écrits (en particulier dans l’ouvrage resté inachevé qu’il intitula Een Ligtschynendein Duystere Plaatsen, « Une lumière brillant dans des lieux ténébreux » et par toute sa manière de vivre se signalait dangereusement à l’attention de l’autorité religieuse. Son frère Johannes Koerhagh et lui-même furent poursuivis en justice, emprisonnés et eurent une fin des plus malheureuses (Voir Meinsma, op. cit., chap. x). Il n’est pas douteux que le zèle antireligieux des frères Koerhagh ait contribué à discréditer Spinoza et été pour quelque chose dans la réputation d’impiété qui lui fut faite ; d’autre part, le procès intenté à ces amis compromettants lui donna de nouvelles raisons de conformer sa conduite à sa devise : Caute.