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ÉTHIQUE

suprême récompense ainsi que pour la plus dure servitude, comme si la vertu même et le service de Dieu n’étaient pas la félicité et la souveraine liberté. 2o Elle est utile en ce qu’elle enseigne comment nous devons nous comporter à l’égard des choses de fortune, c’est-à-dire qui ne sont pas en notre pouvoir, en d’autres termes à l’égard des choses qui ne suivent pas de notre nature ; à savoir : attendre et supporter, avec une âme égale, l’une et l’autre face de la fortune, toutes choses suivant du décret éternel de Dieu avec la même nécessité qu’il suit de l’essence du triangle, que ses trois angles sont égaux à deux droits. 3o Cette doctrine est utile à la vie sociale en ce qu’elle enseigne à n’avoir en haine, à ne mépriser personne, à ne tourner personne en dérision, à n’avoir de colère contre personne, à ne porter envie à personne. En ce qu’elle enseigne encore à chacun à être content de ce qu’il a, et à aider son prochain non par une pitié de femme, par partialité, ni par superstition, mais sous la seule conduite de la raison, c’est-à-dire suivant que le temps et la conjoncture le demandent, ainsi que je le montrerai dans