Page:Spinoza - Éthique, trad. Appuhn, 1913.djvu/356

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
352
ÉTHIQUE

de mépriser ; et si j’ai, en outre, égard à ce que son Désir est réduit par la peur d’un mal qui ne peut me retenir, je dirai qu’il est pusillanime ; et ainsi jugera chacun. À cause enfin de cette nature de l’homme et de l’inconstance de son jugement, comme aussi parce que l’homme juge souvent des choses par son affection seulement, et que les choses qu’il croit faire en vue de la Joie ou de la Tristesse et dont pour cette raison (Prop. 28) il s’efforce de procurer la venue ou qu’il s’efforce d’écarter, ne sont souvent qu’imaginaires — pour ne rien dire ici des autres causes d’incertitude que j’ai fait voir dans la deuxième Partie — pour toutes ces raisons donc, nous concevons aisément que l’homme puisse intervenir souvent lui-même comme cause tant de sa tristesse que de sa joie ; c’est-à-dire qu’il soit affecté d’une Joie ou d’une Tristesse qu’accompagne comme cause l’idée de lui-même ; et nous connaissons ainsi facilement ce qu’est le Repentir et ce qu’est le Contentement de soi. Le Repentir, dis-je, est une Tristesse qu’accompagne l’idée de soi-même et le Contentement de soi est une Joie qu’accompagne comme cause