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Proposition XXVIII, Scolie. — a) Au début de ce Scolie le texte a été considéré comme altéré par plusieurs interprètes. Land, dans son édition, rejette comme tout à fait sans valeur la correction proposée par Bœhmer qui veut lire : « et mediantibus his primis quædam, quæ » au lieu de « mediantibus his primis, quæ ». — Leopold accepte quædam, sinon et. — W. Meijer croit aussi à l’existence d’une lacune dans le texte et cherche à le corriger d’après la première traduction hollandaise. J’ai cru pouvoir conserver la leçon de Land, la construction de la phrase étant admissible, bien qu’un peu insolite. Pour le sens, voir plus haut la note b relative aux modes infinis dont les uns sont immédiatement produits par Dieu, les autres médiatement, c’est-à-dire par l’intermédiaire d’un autre mode infini.

b) Page 83, lignes 11, 12 : les mots mais non en son genre se rapportent aux mots cause prochaine. Dieu est cause prochaine absolument, c’est-à-dire sans intermédiaire, sans condition aperçue par l’esprit, des choses qu’il produit immédiatement ou dont l’existence n’enveloppe que celle de la substance avec ses attributs. Il est cause prochaine en son genre (cf. la note relative à la Défin. 2) de celles qui nécessitent pour être conçues l’existence d’une chose que l’entendement distingue de la substance (comme elle en distingue par exemple un mode infini). Pour l’éclaircissement plus complet du sens attribué par les scolastiques aux mots qu’emploie ici Spinoza, voir Heereboord (Meletemata, p. 298 et sq.). Pour l’intelligence de tout ce passage il faut observer que, Dieu étant cause de tout ce qui est, il ne peut être proprement cause éloignée, c’est-à-dire séparée de son effet par un ou plusieurs intermédiaires distincts d’elle, d’aucune chose même finie et particulière ; mais les choses particulières se conditionnent ou déterminent les unes les autres, et en ce sens Dieu n’est pas leur cause prochaine. Elles sont causées par lui en tant que se déduisant toutes les unes des autres (voir ci-dessus la note b se rapportant aux Prop.  XXVI à XXIX).


Proposition XXIX et Scolie. — Rapprocher de la Proposition le Court Traité (I, chap. vi, § 3) et la note explicative (vol. I, p. 527, par suite d’une erreur typographique, le numéro du chapitre manque) ; du Scolie, le Court Traité (I, chap. viii et ix). Sur la distinction de la Nature naturante et de la naturée voir, en particulier, Siebeck (Archiv für Geschichte der Philosophie, III, p. 370 et 19), qui la fait remonter aux néo-platoniciens et montre qu’elle a reçu au xiiie siècle la forme sous laquelle Spinoza la reproduit.