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Page:Spinoza - Court traité sur Dieu, l’homme et la béatitude.djvu/106

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DIEU, L’HOMME ET LA BÉATITUDE

figure, mouvement et autres choses semblables, sont également des modes de l’autre attribut que nous avons reconnu en Dieu.

Quelques-uns, à la vérité, de ce que la nature humaine ne peut ni subsister ni être comprise sans les propriétés, qui, d’après nous-mêmes, sont substance, essayent d’en conclure que l’homme est une substance ; mais cette conséquence n’a d’autre fondement que de fausses suppositions ; car, puisque la nature de la matière ou du corps existait avant que la forme du corps humain existât, il est impossible que cette nature fût un mode du corps humain, et il est clair que dans le temps où l’homme n’était pas, elle ne pouvait appartenir à la nature de l’homme. Et, quant à la règle fondamentale qu’ils invoquent, à savoir : que ce sans quoi une chose ne peut ni subsister ni être comprise appartient à la nature de cette chose, nous ne la nions pas, car nous avons déjà prouvé que, sans Dieu, aucune chose ne peut ni subsister ni être comprise ; c’est-à-dire que Dieu doit exister et être compris avant que les choses particulières existent et soient comprises. Nous avons aussi montré que ce qui appartient à la nature de la définition, ce ne sont pas les concepts génériques (genus et species), mais ce sont les choses qui peuvent exister sans d’autres et être conçues sans elles. Cela étant, quelle règle poserons-nous pour savoir ce qui appartient à la nature d’une chose ? Celle-ci : nous disons appartenir à la nature d’une chose ce sans quoi cette chose ne peut ni exister ni être comprise, mais de telle façon que la réciproque soit vraie, c’est-à-dire de telle sorte que le prédicat ne puisse lui-même ni exister ni être conçu sans cette chose.

Commençons donc à traiter des modes qui constituent la nature humaine : ce sera l’objet du Ier chapitre de cette seconde partie.