Page:Spinoza - Court traité sur Dieu, l’homme et la béatitude.djvu/130

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
74
DIEU, L’HOMME ET LA BÉATITUDE

eux-mêmes, par cette négation, à toute vérité ; tandis que l’orgueil, au contraire, nous pousse à rechercher des choses qui nous conduisent tout droit à notre ruine, comme on le voit dans ceux qui ont pensé ou qui pensent être en commerce surnaturel avec la Divinité, et qui, ne craignant aucun péril, prêts à tout, bravant le feu et l’eau, périssent ainsi misérablement.

Quant à l’estime et au mépris, nous n’avons rien de plus à en dire, sinon qu’on veuille bien se souvenir de ce que nous avons dit précédemment de l’amour.




CHAPITRE IX


DE L’ESPÉRANCE ET DE LA CRAINTE. — DE LA SÉCURITÉ ET DU DÉSESPOIR. — DE L’INTRÉPIDITÉ, DE L’AUDACE ET DE L’ÉMULATION. — DE LA CONSTERNATION ET DE LA PUSILLANIMITÉ, ET ENFIN DE L’ENVIE.


Pour distinguer, parmi ces différentes passions, celles qui sont utiles et celles qui peuvent être funestes, il faut porter notre attention sur les idées que nous nous faisons des choses futures et chercher si elles sont elles-mêmes bonnes ou mauvaises.

Les idées que nous avons des choses se rapportent :

1o  Soit aux choses elle-mêmes.

2o  Soit à celui qui possède ces idées.

Les idées qui ont rapport aux choses elles-mêmes sont les suivantes :