La raillerie et la plaisanterie naissent d’une fausse opinion et manifestent une imperfection soit dans le railleur, soit dans le raillé. Elles reposent sur une fausse opinion, parce qu’on suppose que celui dont on se moque est la première cause de ses actions et qu’elles ne dépendent pas (comme les autres choses) de la nature de Dieu d’une manière nécessaire. Elles supposent une imperfection dans le moqueur, car de deux choses l’une : ou la chose dont il se moque mérite la raillerie, ou elle ne la mérite pas ; si elle ne la mérite pas, c’est évidemment un travers de railler ce qui n’est pas à railler ; si elle la mérite, c’est donc que le railleur reconnaît dans sa victime une imperfection quelconque ; mais alors ce n’est pas par la raillerie, mais par de bons conseils, qu’on doit chercher à le corriger.
Quant au rire, il appartient à l’homme, en tant qu’il remarque en lui-même quelque chose de bon : c’est donc une espèce de joie, et nous n’avons rien à en dire que ce que nous avons dit de la joie ; je parle de ce rire qui part d’une certaine idée, et non de celui qui est excité par le mouvement des esprits et qui n’a aucun rapport au bien et au mal.
Enfin, nous n’avons rien à dire de l’envie, de la colère et de l’indignation, si ce n’est qu’on veuille bien se souvenir de ce que nous avons dit sur la haine.