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DIEU, L’HOMME ET LA BÉATITUDE


CHAPITRE X


DU REMORDS ET DU REPENTIR.


Nous parlerons brièvement de ces deux passions, qui naissent l’une et l’autre de la précipitation, car le remords vient de ce que nous faisons quelque action dont nous doutons si elle est bonne ou mauvaise ; et, quant au repentir, il naît de ce que nous avons fait quelque chose de mal.

Quoiqu’il puisse arriver que le remords et le repentir contribuent à ramener au bien des hommes doués de raison, mais qui se sont égarés parce que l’habitude de vivre conformément à la raison leur fait défaut, et quoiqu’on puisse conclure de là (comme on le fait généralement) que ces passions sont bonnes, cependant si nous considérons bien la chose, nous verrons que ces sentiments non-seulement ne sont pas bons, mais encore qu’ils sont nuisibles et par conséquent mauvais. Il est évident en effet qu’en général c’est bien plus par la raison et par l’amour de la vérité que par le remords et le repentir que nous revenons au bien. Ils sont nuisibles et mauvais, parce qu’ils sont des espèces de la tristesse, dont l’imperfection a été démontrée plus haut ; et nous devons autant que possible l’éviter et nous en affranchir.