faux, nous devons donner d’abord une définition de l’un et de l’autre.
La vérité est l’affirmation et la négation d’une chose, laquelle convient avec cette chose.
Le faux est l’affirmation ou la négation d’une chose, laquelle ne convient pas avec cette chose.
Maintenant, comme l’une et l’autre, à savoir l’affirmation et la négation, sont de purs modes de la connaissance, il n’y a pas d’autre différence entre l’idée vraie et l’idée fausse, si ce n’est que l’une convient avec la chose et que l’autre ne convient pas, et elles ne diffèrent ainsi qu’au point de vue logique et non réellement. S’il en est ainsi, on peut demander avec raison : Quel avantage l’un a-t-il de posséder la vérité, quel dommage y a-t-il pour l’autre d’être dans l’erreur ? Ou encore : Comment l’un peut-il savoir que son concept ou son idée conviennent mieux que celui ou celle des autres ? En un mot, d’où vient que l’un se trompe et l’autre non ? À quoi l’on peut répondre que les choses claires non-seulement se font connaître elles-mêmes, mais encore font connaître le faux, si bien que ce serait une grande folie de se demander comment nous pouvons nous assurer de la vérité. Car, puisque nous supposons que ce sont les choses les plus claires, il ne peut pas y avoir d’autre clarté qui les rende plus claires, la vérité ne pouvant être rendue claire que par la vérité, c’est-à-dire par elle-même, comme aussi la fausseté n’est claire que par la vérité ; mais jamais la fausseté n’est éclaircie et prouvée par elle-même. Celui-là donc qui possède la vérité ne peut pas douter qu’il ne la possède ; au contraire, celui qui est attaché au faux et à l’erreur peut se faire l’illusion qu’il est dans la vérité, comme celui qui rêve peut bien se figurer qu’il veille ; mais celui qui veille ne peut jamais penser qu’il rêve.
Cela posé, on s’explique dans une certaine mesure