nous voyons chez un autre homme une inclination pour un objet réellement mauvais), c’est ce qu’il nomme alors volupté ou mauvaise volonté : de telle sorte que l’inclination de l’âme n’est pas une tendance à affirmer ou à nier, mais un désir d’acquérir quelque chose, sous l’apparence du bien, ou d’éviter le mal.
Maintenant, il nous reste à rechercher si ce désir est libre ou n’est pas libre. La conclusion résulte déjà de ce que nous avons dit, à savoir que le désir dépend de la représentation, et que cette représentation doit avoir une cause extérieure ; c’est ce qui résulte encore de ce que nous avons dit de la volonté : mais il nous reste à montrer que le désir en lui-même n’est pas libre.
Quoique la plupart des hommes voient bien que la connaissance qu’ils ont des choses est un intermédiaire par lequel leur appétit passe d’un objet à un autre, ils ne remarquent pas cependant quelle cause détermine ainsi ce changement d’objet. Mais, pour faire voir que l’inclination en nous n’est pas libre, et nous mettre devant les yeux d’une manière vive ce que peut être le penchant qui nous entraîne et nous fait passer d’objet en objet, représentons-nous un enfant qui, pour la première fois, est saisi de la perception d’un objet : par exemple, je lui montre une sonnette qui produit un son agréable à son oreille et lui inspire le désir de la posséder ; voyez s’il peut s’affranchir de cette passion et de ce désir ? Si vous dites : Oui, je vous demande pour quelle cause il le ferait ? Ce n’est pas certainement pour quelque autre objet qu’il connaisse mieux, puisque c’est encore le seul qu’il connaisse, puisqu’il n’a en ce moment devant lui aucun autre objet de perception, et que le plaisir est le plus grand qui s’offre à lui. Peut-être dira-t-on qu’il a la liberté d’écarter ce désir, que si le désir à la vérité commence en nous sans liberté de notre part, nous avons néanmoins ensuite le pou-