tantiellement, il s’ensuit que l’étendue existe aussi substantiellement[1].
En outre, nous avons montré qu’il n’y a et qu’il ne peut y avoir aucun être en dehors de la nature qui est infinie ; il est donc évident que les actions du corps, par lequel nous percevons, ne peuvent venir d’autre chose que de l’étendue elle-même, et non pas, comme le pensent quelques-uns, de quelque être qui posséderait l’étendue éminemment, puisqu’il n’y a rien de semblable, comme nous l’avons fait voir au premier chapitre[2].
Nous avons donc maintenant à remarquer que tous les effets que nous voyons dépendre nécessairement de l’étendue doivent être attribués à cette propriété, comme le mouvement et le repos. En effet, si le pouvoir qui produit cet effet n’était pas dans la nature (quoiqu’il pût y avoir en elle beaucoup d’autres propriétés), ces effets ne pourraient pas être, car, pour qu’une chose quelconque produise un certain effet, il faut qu’il y ait en elle quelque chose par quoi c’est elle plutôt qu’une autre qui doive produire cet effet. Et ce que nous disons de l’étendue, nous le disons de la pensée, et en général de tout ce qui est.
Remarquons en outre qu’il ne se passe rien en nous dont nous ne puissions avoir conscience : d’où il suit
- ↑ Nous avons déjà remarqué que Spinoza, à cette période de la philosophie, ne distingue pas encore nettement, comme il le fera dans l’Éthique, l’attribut et la substance. C’est le point de vue des Lettres à Oldenburg (Lettre IV) « Per substantiam intelligo, cujus conceptus non involvit conceptum alterius rei. Per attributum explicui in cujus conceptus non involvit conceptum alterlus rei. » On voit qu’il donne la même définition pour l’attribut que pour la substance. Aussi conclut-il : « Præter substantias et accidentia nihil datur realiter. » Ce n’est que dans l'Éthique que l’attribut est défini séparément et distingué de la substance et du mode. (P. J.)
- ↑ Cette démonstration, à laquelle Spinoza renvoie ici, fait