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CONFIRMATION DU PRÉCÉDENT

ces attributs sont affirmés ; nous avons dit aussi qu’il n’y a qu’une seule chose pensante dans toute la nature, laquelle s’exprime en un nombre infini d’idées, répondant à l’infinie diversité des objets qui sont dans la nature : en effet, le corps revêtant telle modalité

    5o  Il doit y avoir un attribut de la pensée.

    6o  Rien n’existe dans la nature dont il n’y ait une idée dans la chose pensante, et cette idée vient à la fois de l’essence et de l’existence de cette chose.

    7o  Il résulte de ces propositions les conséquences suivantes :

    8o  En tant que sous la désignation d’une chose on n’entend que l’essence de cette chose sans son existence, l’idée de l’essence ne peut pas être considérée comme quelque chose de séparé : mais cela ne peut arriver que lorsque l’existence est donnée avec l’essence, c’est-à-dire lorsqu’un objet commence à exister qui n’existait pas auparavant. Par exemple, lorsque la muraille est blanchie, il n’y a rien là que l’on puisse appeler ceci ou cela (so ist kein dieses oder jenes daran), etc.

    9o  Maintenant, cette idée, séparée de toutes les autres, ne peut être qu’une idée de tel ou tel objet ; mais on ne peut dire qu’elle a elle-même une idée de cet objet, car une idée de ce genre, n’étant qu’une partie, ne peut avoir aucun concept clair et distinct d’elle-même et de son objet ; la chose pensante seule peut avoir un tel concept, parce qu’elle est toute la nature, tandis qu’une partie séparée de son tout ne peut rien, etc.

    10o  Entre l’idée et son objet, il doit y avoir nécessairement union, parce que l’une ne peut pas exister sans l’autre : car il n’y a pas un seul objet dont il n’y ait une idée dans la chose pensante, et, réciproquement, aucune idée n’existe sans que l’objet existe également En outre, l’objet ne peut être changé sans que l’idée soit changée aussi, et réciproquement ; de sorte qu’il n’est pas besoin d’un troisième terme qui effectuerait cette union de l’âme et du corps. Cependant il ne faut pas oublier que nous ne parlons ici que des idées qui naissent nécessairement de l’existence des choses, en même temps que de leur essence en Dieu, mais non des idées que les choses actuelles déterminent en nous ; il y a en effet entre ces deux sortes d’idées une grande différence, car les idées en Dieu naissent non pas, comme en nous, d’un ou de plusieurs sens qui ne nous affectent que d’une manière imparfaite ; mais elles naissent de leur essence et de leur existence en soi ; et quoique mon idée ne soit pas la tienne, c’est une seule et même idée qui agit sur nous. (MS.) – Cette longue note n’est