3o La troisième objection est celle-ci : nous croyons concevoir clairement que nous pouvons produire le repos dans le corps ; car, lorsque nous avons pendant assez longtemps mis nos esprits animaux en mouvement, nous sentons que nous sommes fatigués, ce qui n’est autre chose que la conscience du repos que nous avons produit dans les esprits animaux.
À quoi nous répondons : Il est vrai que l’âme est cause de ce repos ; mais elle n’en est qu’une cause indirecte, car elle n’introduit pas immédiatement le repos dans le mouvement, mais seulement par l’intermédiaire d’autres corps qu’elle a mis en mouvement, et qui nécessairement perdent alors autant de repos qu’ils en ont communiqué aux esprits. D’où il suit clairement que, dans la nature, il n’y a qu’une seule et même espèce de mouvement.
Cherchons maintenant d’où peut venir que, voyant qu’une chose est bonne ou mauvaise, tantôt nous trouvons en nous la puissance de faire le bien et d’éviter le mal, tantôt nous ne la trouvons pas. C’est ce que nous pouvons facilement comprendre, en remarquant les causes que nous avons données de l’opinion, qui est elle-même, nous l’avons vu, la cause de toutes les passions. Nous avons dit qu’elle naissait soit par ouï-dire, soit par expérience. Or, comme il arrive que ce que nous éprouvons en nous a une plus