immédiatement et sans aucun intermédiaire. Pour ce qui est des paroles, nous répondons absolument : non ; car autrement l’homme aurait dû connaître la signification de ces paroles avant qu’elles lui fussent énoncées. Par exemple, si Dieu avait dit aux Israélites : « Je suis Jéhovah, votre Dieu, » il aurait fallu qu’ils sussent déjà dans ces paroles qu’il y a un Dieu, avant de pouvoir apprendre par ces paroles mêmes que c’était lui qui était Dieu. Ils ne pouvaient pas savoir en effet que cette voix accompagnée de la foudre était Dieu, même lorsque la voix le disait. Ce que nous disons des paroles, on peut le dire de tous les signes externes ; et c’est pourquoi nous tenons pour impossible que Dieu se fasse connaître aux hommes par des signes extérieurs, et en même temps nous jugeons inutile de supposer pour cette connaissance autre chose que l’essence de Dieu et l’entendement de l’homme : car ce qui, en nous, doit connaître Dieu, étant l’entendement, qui est uni si immédiatement à lui, qu’il ne peut exister ni être cause sans lui, il est indubitable qu’aucun objet ne peut être lié à l’entendement d’une manière plus intime que Dieu lui-même, car cette chose devrait être plus claire que Dieu : ce qui est absolument contraire à tout ce que nous avons montré jusqu’ici, à savoir que Dieu est la cause de notre connaissance et de toute essence des choses particulières, dont aucune ne peut ni exister ni même être conçue sans lui. Bien plus, toute chose particulière dont l’essence est nécessairement finie, nous fût-elle plus connue que Dieu, nous ne pouvons pas cependant par elle arriver à la connaissance de Dieu, car comment pourrait-il se faire que, d’une chose finie, on pût conclure à une chose infinie et illimitée ? Et quand même nous verrions dans la nature quelque action, ou effet, dont la cause nous fût inconnue, il serait impossible d’en conclure que, pour produire cet effet, il
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DIEU, L’HOMME ET LA BÉATITUDE