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Page:Spinoza - Court traité sur Dieu, l’homme et la béatitude.djvu/180

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DIEU, L’HOMME ET LA BÉATITUDE

ment éternels parce que leur cause l’est elle-même.

4o Toutes les actions que nous produisons en dehors de nous sont d’une nature d’autant plus parfaite qu’elles sont plus capables de s’unir à nous de manière à faire avec nous une seule et même nature ; car alors elles sont le plus près possible des actes internes. Si, par exemple, j’enseigne à mon prochain la volupté, la fausse gloire, l’avidité, soit que moi-même j’aime ou que je n’aime pas ces choses, n’est-il pas évident que je suis moi-même frappé et fouetté par mes propres armes ? Mais il n’en est pas ainsi si mon seul et véritable but est d’atteindre l’union avec Dieu, et par cette union, de produire en moi de vraies idées, que je communique à mon prochain ; car alors nous participons également au salut : le même désir naissant en eux comme en moi, il s’ensuit que leur volonté devient la même que la mienne ; et nous ne faisons plus qu’une seule nature qui s’accorde en toutes choses.

De tout ce qui précède il est facile de conclure ce que c’est que la liberté humaine[1]. Je la définis un acte constant que notre intellect acquiert par son union immédiate avec Dieu, pour produire en soi des idées et en dehors de soi des actes qui soient d’accord avec sa nature (la nature de l’entendement), de telle sorte que ni ces idées ni ces actions ne soient soumises à des causes externes qui pourraient les changer ou les transformer. On voit par là et par ce qui a été dit précédemment quelles sont les choses qui sont en notre pouvoir et qui ne dépendent pas des causes extérieures. Par là est démontrée encore, d’une autre manière que plus haut, la durée éternelle de notre

  1. La servitude d’une chose consiste à être soumis à une cause extérieure ; la liberté, au contraire, à n’y être pas soumis, et à en être affranchi. (MS.)