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APPENDICE

aucune essence et aucun être, et qu’elle se confond absolument avec l’essence auguste et bénie de Dieu.




II.
DE L’ÂME HUMAINE.

L’homme étant une chose créée et finie, ce qui, en lui, possède la pensée, ce que nous appelons âme, est nécessairement un mode de cet attribut auquel nous donnons le nom de pensée ; et rien autre chose que cette modification ne peut appartenir à son essence ; au point même que si cette modification est détruite, l’âme humaine est détruite en même temps, tandis que l’attribut de la pensée demeure inaltérable. De même, ce que l’homme a d’étendue, et que nous appelons corps, n’est autre chose qu’une modification de cet attribut auquel nous donnons le nom d’étendue ; et, cette modification détruite, le corps humain cesse d’être, tandis que l’attribut de l’étendue demeure immuable.

Pour bien comprendre en quoi consiste cette modification que nous appelons esprit, et comment elle tient son origine du corps et dépend du corps seul (ce qui est pour moi l’union de l’âme et du corps), il faut remarquer que :

1o  La modification la plus immédiate de l’attribut que nous appelons pensée, contient en soi objectivement l’essence formelle de toutes choses ; car, s’il y avait quelque chose de formel dont l’essence ne fût pas contenue objectivement dans cet attribut[1], il ne

  1. Pour comprendre ce passage il ne faut pas oublier que les mots formellement et objectivement dans la langue scolastique ont une autre signification que celle que nous leur