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DIEU, L’HOMME ET LA BÉATITUDE

est l’âme du corps ; lors donc que l’une de ces modifications (soit le repos, soit le mouvement) change en plus ou en moins, l’idée change dans la même proportion ; comme par exemple, si le repos est augmenté et le mouvement diminué, nous éprouvons cette douleur ou tristesse que l’on appelle le froid ; si, au contraire, c’est le mouvement qui est augmenté, nous éprouvons cette douleur que l’on nomme chaleur.

Maintenant, lorsque tous les degrés de mouvement et de repos ne sont pas égaux dans toutes les parties du corps, et que les uns ont plus de mouvement ou de repos que d’autres, de là naît la différence de sensation, comme lorsque nous sommes frappés par un bâton sur les yeux ou sur les mains.

Et lorsqu’il arrive que les causes extérieures diffèrent et n’ont pas le même effet, il s’ensuit une différence de sensation dans une seule et même partie, comme nous l’éprouvons lorsque nous sommes frappés sur la même main par du fer ou par du bois.

Et réciproquement, si un changement fait dans une certaine partie est cause qu’elle revienne à l’état primitif, de là naît la joie que nous appelons tranquillité, agrément, gaieté.

Ayant expliqué ce que c’est que la sensation, il est facile de comprendre comment naît de là l’idée réflexive ou la connaissance de nous-mêmes, l’expérience et la raison. Enfin notre âme étant unie à Dieu et étant une partie de l’infinie pensée, et étant issue immédiatement de Dieu, on voit encore aisément par là l’origine de la vraie connaissance et de l’immortalité de l’âme. Que cela nous suffise pour le présent.


FIN.