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APPENDICE

quoi, dans la définition de l’âme, nous nous sommes servis de ces termes, à savoir que l’âme, ou idée ou essence objective (toutes choses identiques pour nous), tire son origine de l’essence de l’objet existant réellement dans la nature. Par là, nous avons suffisamment expliqué ce que c’est que l’âme en général, et nous entendons par là non-seulement les idées qui naissent de l’existence des modifications corporelles, mais encore celles qui naissent de toute modification des autres attributs.

Mais, comme nous n’avons pas des autres attributs la même connaissance que de l’étendue, voyons maintenant si, en nous bornant aux modifications de l’étendue, nous ne pourrons pas trouver une définition plus particulière et plus adaptée à l’essence de nos propres âmes, car c’est là notre objet.

Supposons comme une chose démontrée qu’il ne peut y avoir dans l’étendue d’autre mode que le repos et le mouvement, et que toute chose corporelle particulière n’est rien autre qu’une certaine proportion de mouvement et de repos, de telle sorte que, si dans toute l’étendue il n’y avait que repos absolu ou mouvement absolu, il n’y aurait aucun corps distinct : il s’en suit que le corps humain ne peut être qu’une certaine proportion particulière de repos et de mouvement.

Or, nous disons que l’essence objective, qui, dans l’attribut de la pensée, correspond à cette proportion,

    il n’y en a donc pas dans l’être des choses ; elles sont toutes éternelles, et constituent l’unité de l’être divin. Donc leur type (leur contre-épreuve) dans l’attribut de la pensée n’est qu’un : dans l’idée une de l’être infini elles sont toutes également comprises ; et il n’y a pas d’idées particulières, séparées les unes des autres autrement la nature de l’idée ne répondrait pas à l’être de son objet. » (Trad. allemande, p. 231.)