naissance, qui ne diffèrent qu’au point de vue logique non réel. S’il en est ainsi, d’où peut venir l’erreur ?
Pour Spinoza, comme pour Descartes, la clarté de l’idée est la seule preuve possible de l’idée : ce qui est le plus clair possible n’a pas besoin d’être éclairci par quelque chose de plus clair. L’idée porte donc sa certitude avec elle. Il est vrai que l’erreur peut être accompagnée aussi d’une espèce de certitude ; mais c’est une illusion. Celui qui rêve peut croire qu’il veille ; mais celui qui veille ne peut pas croire qu’il dort.
Maintenant, pourquoi l’un possède-t-il la vérité, et l’autre non ? C’est que l’affirmation de l’un a plus de réalité que l’affirmation de l’autre. Comprendre, selon Spinoza, est un fait purement passif : c’est une modification de l’âme. Or, lorsqu’on est affecté par la totalité de l’objet, on en a une idée complète ; et c’est là l’idée vraie ; au contraire, l’erreur n’est qu’une idée incomplète : c’est l’action produite en nous par un moins grand nombre de causes et moins profondes. On voit par là la différence de la vérité et de l’erreur. Celui qui est affecté par tout l’objet en a une idée complète qui ne peut pas changer, car l’essence des choses est immuable ; celui qui, au contraire, n’a vu qu’une face des choses, en a une idée qui peut changer, car les choses ont plusieurs faces. De la l’instabilité de l’erreur. Il n’y a donc pas entre la vérité et l’erreur une différence de nature, mais de degrés ; l’une a plus de réalité que l’autre, voilà tout. — Tel est le germe de la théorie des idées adéquates et des idées inadéquates, qui jouera un si grand rôle dans l’Éthique.
Le vrai et le faux une fois définis, reste à savoir si nous pouvons y parvenir librement ou si nous sommes nécessités à choisir l’un ou l’autre. C’est la question du libre arbitre, que Spinoza introduit ici, parce que dans l’école cartésienne le choix entre le vrai et le faux était considéré comme aussi libre qu’entre le bien et le mal.
Suivant Spinoza, tout ce qui ne possède pas l’existence par soi-même doit avoir une cause externe : or la volition n’a pas d’existence par son essence propre ;