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DES PROPRIÉTÉS QUI N’APPARTIENNENT PAS À DIEU

réponds que tout ce qui est dit du péché ne l’est qu’au point de vue de notre raison ; comme lorsque nous comparons deux choses entre elles, ou une même chose à deux points de vue différents : par exemple, si quelqu’un fait une horloge apte à sonner et à indiquer les heures, et que l’ouvrage soit bien d’accord avec la fin que s’est proposée l’auteur, on appelle une telle œuvre bonne ; sinon nous l’appelons mauvaise, quoiqu’elle puisse être bonne même alors, si le but de l’auteur eût été de la rendre détraquée et sonnant hors de propos.

Nous concluons donc que Pierre doit convenir nécessairement avec l’idée de Pierre, et non avec l’idée de l’homme, et que le bien ou le péché ne sont que des modes de la pensée et non pas des choses quelconques, ayant une existence réelle, comme nous le démontrerons peut-être plus amplement encore dans les chapitres suivants, car toutes les choses et les œuvres de la nature sont parfaites.



CHAPITRE VII


DES PROPRIÉTÉS QUI N’APPARTIENNENT PAS À DIEU.


Nous avons maintenant à parler des propriétés[1] qui sont communément attribuées à Dieu, mais qui ne

  1. Quant aux attributs qui constituent véritablement Dieu, ils ne sont autre chose que des substances infinies, dont chacune est infiniment parfaite ; c’est ce que nous démon-